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Analyse du sujet : Pourra-t-on jamais se comprendre ?

La question a plusieurs sens : s’agit-il de se comprendre soi-même ou bien de se comprendre les uns les autres ?

Nous allons analyser chaque problématique, il se peut quelles nous demandent des traitements différents mais ce n’est pas sûr.

On se questionne d’abord sur la possibilité de se comprendre soi-même. Cela s’appuie sur les difficultés de la connaissance de soi, sur le paradoxe d’un être conscient de soi mais qui semble parfois ignorer les causes de ses paroles ou de ses actions. Ce constat peut-il laisser place à un espoir, une remédiation ? Une procédure d’étude pourra-t-elle nous permettre de progresser dans la compréhension des mobiles et des intentions qui initient nos comportements et continuent à les nourrir ? Cette connaissance de soi problématique est aussi à l’origine du questionnement sur la liberté puisqu’elle suppose qu’on se fasse origine, commencement, raison d’être des actes commis. La 1ère question ainsi explicitée serait : pourra-t-on jamais se comprendre soi-même, préalable à une action libre, claire dans ses fondements et ses objectifs ? La tonalité nostalgique de la formulation convient bien à cette question car nous avons été souvent déçu, honteux, voire perdu dans notre propre conduite.

La question signifie aussi : pourra-t-on jamais se comprendre les uns les autres ? Ce qui suppose un constat pessimiste : nous en serions incapables, et contraints de nous réfugier dans l’espoir d’un avenir meilleur alors que nous sommes constamment et depuis le plus jeune âge dans l’interaction avec autrui. Ce qui rendrait cette compréhension difficile est à chercher dés lors dans les acteurs et éléments pluriels de l’échange et de la communication. Quelque chose ne fonctionnerait pas ?, ou bien quelqu’un s’y prendrait mal ?, ou bien les conditions extérieures ne seraient pas appropriées ?, ou bien encore le média utilisé serait vicié et défaillant ? On ne peut pas nier que les malentendus soient courants, ceux qui font rire mais aussi ceux qui déclenchent des conflits ou les entretiennent, la question se pose en effet. Il faudra analyser toutes ses possibilités.

Mais il faudra aussi être attentif au bien-fondé de la question, à sa façon d’induire une réponse en proposant un diagnostic. Après tout, est-il si sûr que se comprendre soit un but dont il faut assurer la réussite, le plus vite et le plus surement possible ? À trop courir ne risque-t-on pas de rater le but, sans s’en apercevoir ? Un malaise nous prend quand les autres nous assurent de leur compréhension, si confiants en leur jugement, leur interprétation, de ce qui nous arrive ou ce que nous disons. L’empathie qui se fonde sur cette trop rapide compréhension nous dérange parfois car elle fait de nous une victime que nous ne voulons pas être, que nous ne nous sentons pas être, par exemple.

Pourra-t-on jamais se comprendre les uns les autres, est-ce un objectif accessible et toujours souhaitable ?

Il faudra se demander aussi si les deux questions ne finissent pas par se rejoindre.

Plan de résolution :

I) Pour se comprendre, il faut partager un monde commun où les mots prennent sens. La langue qui accompagne la vie sociale des hommes le permet, mais imparfaitement.

    • Il existe une langue pour une communauté, elle est ancrée dans une vie partagée, une connaissance pratique de l’environnement commun.

    • On peut déplorer une insuffisance des mots pour parler de soi, de sa propre subjectivité. On a du mal à se comprendre avec les mots (soi-même et les autres). Soi-même car la logique de la langue ne permet pas de dire l’originalité et la contradiction interne. Les autres car le caractère conventionnel des mots laissent place à un apprentissage, donc parfois défaillant ou subjectif.

    • La difficulté à se comprendre par la langue peut-être dépassée par la rigueur et la créativité. D’autres médias viennent compléter l’oeuvre de la langue, comme l’art. Il demande une plus grande attention et patience pour dépasser la nouveauté et l’obscurité des signes ou des formes qu’il emploie. De même l’action commune pose le socle de la compréhension mais demande un espace d’élaboration.

II) Pour se comprendre, il faut s’identifier, se reconnaître et parler la même langue. La compréhension est donc un phénomène communautaire, la vérification de l’appartenance à un groupe, ce qui est aussi une forme d’exclusion de tous les autres.

    • La pluralité des langues semble être indépassable, et enfermer chacun dans un espace clos, intellectuellement étranger. La traduction n’est jamais exacte, interchangeable, elle demande toujours une interprétation de l’expression initiale. Elle fragilise notre croyance en notre monde de référence.

    • L’action des hommes est portée par leur langue, la diversité sociale s’inscrit en elle, elle ne peut être dépassée par la seule rigueur de la langue. La vie matérielle est un obstacle puissant à la communication et d’abord à l’échange ; les rôles de chacun sont des enfermements dont il est difficile de sortir. Cela se traduit de plusieurs façons : par la méconnaissance de soi quand on s’identifie à un rôle social, identité figée abusivement ; par la chosification d’autrui dans un rôle social, de la même façon.

    • La pluralité des langues oit être comprise en deux façons : langues étrangères les unes aux autres, et usages étanches de la même langue dans un monde social compartimenté. En ces deux sens la pluralité des langues est u obstacle à la compréhension.

III) Se comprendre pousse à annuler la différence, ignorer l’altérité, et donc rater l’essai en croyant le transformer. Pour se comprendre, paradoxalement et à long terme, comme suggère le sujet, il faut accepter l’imperfection temporaire des échanges et l’imperfection définitive des moyens d’échanger.

    • L’imperfection de toute langue nous garantit la sincérité des langues et leur approche propre du réel, c’est une possibilité parmi d ‘autres de penser les choses et les événements. Pour comprendre autrui sans effacer sa spécificité, il faut prendre le temps de ne pas comprendre ce qu’il dit, comment il le dit. De faire le détour par le réel qu’il a compris d’une certaine façon.

    • Ne pas réduire l’inconnu au connu trop rapidement. Ne pas croire à sa langue. Tendre vers la compréhension prudemment.

Et encore d’autres corrigés…: