Nier l’altérité

Comment refuser de voir la différence ? Faire de la diversité dans l’espace un étalement dans le temps : l’idée de progrès.

 

L’idée de progrès est-elle bienveillante et exacte ?

Pourquoi cette idée a-t-elle tellement plu ? Pourquoi revient-elle sans cesse malgré les critiques évidentes qu’on peut lui faire ?

Le problème auquel l’idée de progrès apporte une solution serait : comment unifier l’histoire de l’humanité ? Peut-on affirmer qu’il n’y en a qu’une seule ? Mais dans ce cas pourquoi cette apparente diversité et désordre ?

Une idée qui prend plusieurs formes verbales mais demeure la même.

C’est une idée laïque : en effet, elle se distingue de la pensée religieuse qui unifie les hommes sous l’idée d’une famille divine protégée par la Providence.

Cette idée permet de comprendre la diversité des cultures dans l’espace et dans le temps, notamment entre les Européens et les Amérindiens. Elle vise à unifier la diversité en une identité distendue.

1) Jusqu’à ce moment-là les Européens pensaient leur vie sociale sur la base de principes évidents pour eux : contrat entre les individus et l’État en vue de biens comme la sécurité et la liberté, donnant lieu à telle ou telle institution sociale. La rencontre de peuples différents remet en question leur idée sur l’origine de la société.

2) Le progrès se produit dans un temps linéaire c’est-à-dire orienté, finalisé, irréversible.

Ethnocentrisme du progrès : L’idée plaisait d’autant plus que ceux qui l’inventent se pose comme étant les plus avancés dans le processus du progrès.

Cette croyance est tellement forte qu’elle justifie des entreprises historiques problématiques : colonisation, contraintes économiques sur les peuples. On est tellement convaincu d’avoir compris ce qui est plus humain qu’on force la marche…

Le progrès est un concept : une idée, une lecture de la réalité, une construction mentale.

Cette idée à des caractères précis :

– elle pense que le temps est orienté ; donc un sens du temps,

– ce changement demande beaucoup de temps, c’est lent et long pour arriver au but,

– ce changement est qualitatif, il va du moins bien au meilleur,

– il concerne tous les hommes, situés géographiquement et historiquement ; c’est un mouvement unique et total,

– il les unifie dans une communauté de destination vers un but unique,

– ce but dévoile une identité humaine universelle.

Quel moteur ? Si ce mouvement vers le Bien et l’accomplissement universel de l’humanité se déploie, qu’est-ce qui le pousse vers l’avant ? C’est le désir d’être plus prospère, plus juste, plus pacifique ? Ce sont les idées qui changent d’abord ou les moyens matériels ?

Une critique est possible : On constate des événements qui montrent un excès de barbarie qui semble contredire un progrès de notre humanité. Comment dépasser cette critique ? En disant que c’est un événement non significatif : la direction n’est pas affectée.